Chaque DSI le sait : perdre un développeur clé ou rater un recrutement critique peut ralentir un projet de plusieurs mois. À l’inverse, attirer le bon profil au bon moment change la trajectoire d’une équipe. Les KPI de recrutement ne se réduisent pas à des colonnes Excel, ils racontent une histoire : celle de vos forces, de vos failles et de votre attractivité sur le marché Tech.
Qu’est-ce qu’un KPI appliqué au recrutement Tech ?
Dans l’univers du recrutement IT, chaque donnée brute compte : nombre de CV reçus, candidatures traitées, tests techniques réalisés. Pourtant, ces volumes isolés n’indiquent pas grand-chose sans mise en perspective.
Là intervient le KPI. Contrairement à une métrique, il connecte la donnée à un objectif précis et produit une vision exploitable.
Un exemple ? Le simple décompte de candidatures sur une annonce Java ne dit rien de leur pertinence. En revanche, mesurer le taux de conversion du pipeline – depuis la candidature jusqu’à l’acceptation d’offre – révèle immédiatement si vos canaux d’acquisition fonctionnent ou s’ils diluent vos efforts.
Pourquoi les DSI et recruteurs Tech doivent-ils suivre leurs KPI ?

Dans un secteur où les projets dépendent d’équipes restreintes et hautement qualifiées, chaque recrutement influence la scalabilité. Une DSI qui maîtrise ses KPI réduit drastiquement ses risques : retards projet, budgets explosés, recours forcé à des prestataires externes.
À l’inverse, négliger ces indicateurs équivaut à coder sans monitoring. Vous avancez, certes, mais sans garde-fous. Un recrutement IT piloté par des KPI transforme le processus en véritable levier stratégique :
- il aligne les priorités RH avec les objectifs business,
- il sécurise la montée en charge des projets numériques,
- il limite les coûts cachés liés au turnover ou aux erreurs d’embauche.
Les signaux faibles dans un recrutement IT mal piloté
Les KPI ne servent pas seulement à confirmer vos réussites. Ils détectent aussi les fragilités en amont, avant que la situation ne devienne critique.
Certains signaux faibles, souvent sous-estimés, doivent alerter toute DSI ou recruteur Tech :
- Allongement progressif du time-to-hire sur les profils rares (DevOps, Data Engineers, spécialistes cloud).
- Baisse du taux d’acceptation des offres sur des postes sensibles (cybersécurité, IA).
- Hausse du turnover au sein des équipes IT recrutées récemment.
- Multiplication des embauches non pérennes (périodes d’essai rompues, départs précoces).
- Augmentation du coût moyen par recrutement, sans amélioration corrélée de la qualité.
- Taux de conversion faible sur le pipeline de candidatures, traduisant une sélection inefficace.
- Insatisfaction récurrente des managers techniques vis-à-vis des profils présentés.
Ces indicateurs, pris isolément, paraissent parfois anodins. Mais ensemble, ils dressent un tableau inquiétant : celui d’un recrutement IT non maîtrisé, générateur de dette technique et de tensions organisationnelles.
Les grandes familles de KPI pour le recrutement Tech

KPI d’attractivité et de sourcing IT
Recruter dans l’informatique commence bien avant l’entretien technique. Tout se joue dès la phase d’attractivité.
Quels canaux génèrent réellement des candidats qualifiés ? Quels vecteurs attirent des profils alignés avec votre stack et vos besoins métiers ?
Les indicateurs de sourcing offrent une réponse claire. Ils mesurent la performance des jobboards spécialisés comme Turnover-IT, l’efficacité de LinkedIn Recruiter, la pertinence des communautés techniques (GitHub, Stack Overflow) ou même la puissance de la cooptation interne. Parmi eux :
- Volume de candidatures par canal : combien de profils arrivent via chaque source.
- Taux de qualification : proportion de CV pertinents par rapport aux critères techniques exigés.
- Taux de conversion : pourcentage de candidats issus d’un canal qui franchissent toutes les étapes jusqu’à l’embauche.
Sans cette lecture comparée, vous investissez à l’aveugle dans vos canaux. Avec elle, vous orientez vos efforts vers les sources qui délivrent réellement des ingénieurs productifs.
KPI liés au processus de recrutement Tech

Une fois les profils identifiés, le parcours candidat devient le point névralgique. Dans l’IT, ce dernier ne tolère pas les lenteurs. Un développeur sollicité par cinq concurrents n’attendra pas un retour deux semaines.
Suivre la fluidité du pipeline conditionne directement votre taux de succès :
- Time-to-hire : durée moyenne entre le premier contact et l’acceptation d’offre. Un indicateur critique pour les profils en tension.
- Taux d’abandon pipeline : proportion de candidats qui quittent le processus avant son terme (souvent après un test technique jugé trop long ou redondant).
- Taux de refus d’offres : signe d’une proposition salariale inadéquate ou d’un parcours mal vécu.
- Satisfaction candidat Tech (cNPS) : score reflétant la perception de votre marque employeur et de votre sérieux.
KPI de qualité des recrutements IT
Recruter vite ne suffit pas. Le véritable indicateur de succès réside dans la valeur que le collaborateur apporte aux projets après son intégration.
Les KPI de qualité explorent cette dimension stratégique avec, par exemple :
- Taux de rétention 6 et 12 mois : mesure la stabilité des profils recrutés. Un départ rapide traduit un mauvais alignement culturel ou technique.
- Taux de réussite période d’essai : proportion de recrutements confirmés.
- Adéquation technologique : évaluation de la correspondance entre la stack maîtrisée par le collaborateur (Java, Kubernetes, React, etc.) et celle déployée sur le projet.
- Satisfaction des managers techniques : feedback des leads ou responsables d’équipes sur la pertinence des profils recrutés.
Ces indicateurs traduisent l’impact du recrutement sur la productivité réelle.
KPI financiers et ROI des recrutements Tech

Entre les annonces sponsorisées, les abonnements LinkedIn, les tests techniques payants et les licences ATS, les coûts de recrutement s’additionnent vite. Sans indicateurs financiers précis, la direction IT se prive d’une vision claire sur le retour de ses dépenses RH.
Trois KPI structurent ce volet :
- Coût moyen par embauche IT : il agrège l’ensemble des frais liés à un recrutement (outils, salaires des recruteurs, campagnes marketing RH, onboarding). Dans l’IT, cet indicateur grimpe rapidement en raison de la rareté des profils et de la multiplication des entretiens techniques.
- Coût des outils par campagne : suivi dédié aux investissements technologiques (ATS, tests CodinGame, jobboards spécialisés…). Ce KPI met en lumière les solutions surdimensionnées par rapport au besoin réel.
- ROI des canaux de sourcing : ratio entre les dépenses investies sur un canal et le nombre d’embauches effectivement réussies. Un levier indispensable pour réallouer intelligemment les budgets.
KPI stratégiques et marque employeur
Dans un secteur où les profils talentueux choisissent leurs employeurs autant que l’inverse, la marque employeur prend un poids considérable. Les KPI qui lui sont liés dépassent la simple communication RH : ils reflètent directement la capacité d’une DSI à attirer et fidéliser les meilleurs ingénieurs.
Parmi les plus structurants :
- Taux de diversité dans les équipes Tech : indicateur complexe à manipuler car encadré par le RGPD, mais déterminant pour mesurer l’inclusion et l’innovation au sein d’une DSI.
- Taux de candidatures spontanées : proportion de CV reçus sans publication active d’offre. Un signal fort d’attractivité pour votre département IT.
- Part de recrutements issus de cooptations : reflet direct de la confiance et de l’engagement des collaborateurs déjà en poste. Dans l’IT, ce KPI prend une dimension stratégique : un développeur qui recommande un ancien collègue valide implicitement la culture technique et le climat d’équipe.
KPI de performance RH interne

Le recrutement IT ne repose pas uniquement sur les candidats, mais aussi sur l’efficacité des équipes RH et des recruteurs Tech. Suivre leurs performances constitue un levier incontournable pour anticiper les goulots d’étranglement et fluidifier le pipeline.
Trois KPI permettent de visualiser la capacité opérationnelle interne :
- Volume de recrutements par recruteur IT : charge moyenne supportée par chaque membre de l’équipe RH.
- Nombre moyen d’entretiens techniques par poste : indicateur révélateur d’un processus surchargé ou d’un manque de filtrage initial. Dans certains cas, une surenchère d’entretiens démotive les profils Tech les plus sollicités.
- SLA de réponse aux candidats : délai moyen de réponse entre la candidature et le premier retour RH. Respecter un SLA court reste décisif pour ne pas perdre les talents au profit d’un concurrent plus réactif.
Comment sélectionner les bons KPI pour un recrutement Tech efficace ?
1️⃣ Prioriser 5 à 7 KPI stratégiques IT
Multiplier les indicateurs ne renforce pas automatiquement la performance : cela noie le pilotage.
En réalité, un tableau de bord efficace repose sur un socle restreint de KPI, sélectionnés selon les enjeux du moment. En moyenne, cinq à sept suffisent pour orienter des décisions concrètes.
Pour exemple :
- Une ESN en hypercroissance cherche avant tout à accélérer son staffing. Ses KPI prioritaires : le time-to-hire, le taux d’acceptation des offres et le coût par embauche.
- Une DSI interne, de son côté, privilégie la stabilité des équipes. Ses indicateurs phares : taux de rétention à 12 mois, taux de réussite période d’essai et satisfaction des managers techniques.
2️⃣ Court terme vs long terme en recrutement Tech

Le recrutement IT oscille toujours entre urgence projet et vision durable. Certains KPI traduisent la vitesse d’exécution, d’autres la soutenabilité RH.
- Court terme : réduire le time-to-hire, optimiser le taux de conversion pipeline, contrôler le coût par embauche. Ces KPI permettent de staffer rapidement une équipe projet, notamment dans les contextes de delivery critique.
- Long terme : analyser la rétention à 12 mois, suivre l’adéquation technologique des profils recrutés, mesurer la diversité et la satisfaction des managers. Ces KPI s’ancrent dans la continuité : limiter la dette technique, stabiliser les équipes, consolider la marque employeur.
3️⃣ Adapter ses KPI à la maturité de l’organisation
Tous les environnements IT ne partagent pas le même niveau de structuration. Les KPI doivent donc évoluer avec la maturité organisationnelle.
- Start-up IT : priorité à l’attractivité. Les KPI utiles concernent le volume de candidatures, le taux de rebond sur la page carrière ou le taux d’abandon formulaire. Objectif : maximiser la visibilité et attirer les premiers talents.
- Scale-up : priorité à la vitesse. Les KPI centraux suivent le time-to-hire, la conversion pipeline et le coût par recrutement. Objectif : soutenir la croissance rapide sans rupture dans le delivery.
- Grand groupe / DSI mature : priorité à la qualité et à la diversité. Les KPI essentiels évaluent la rétention, l’adéquation technologique et la représentativité des profils. Objectif : fiabiliser les équipes, maîtriser la dette technique, améliorer la gouvernance RH.